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S’organiser pour la Justice Climatique en Afrique Subsaharienne

Un groupe de femmes chantant
Les participants au cours d'une marche contre le changement climatique, à Nairobi, le 15 mars 2019. © Yasuyoshi Chiba/AFP/Getty

En Afrique subsaharienne, les conséquences de la crise climatique sont ressenties par les populations les plus marginalisées de la société, pour qui les dégâts environnementaux aggravent les inégalités économiques et sociales déjà présentes dans cette région. Les Open Society Foundations ont discuté avec Mariama Diallo, une militante pour la justice climatique, qui travaille à la mobilisation des communautés de son pays natal, le Sénégal, afin de faire entendre les voix africaines dans la réponse mondiale à la crise.

Comment la menace du changement climatique se manifeste-t-elle en Afrique subsaharienne?

Bien que l’Afrique ne contribue pas beaucoup aux émissions mondiales de gaz à effet de serre—pour 4 pour cent environ, selon une étude récente [PDF] de Brookings Institution—ses habitants subissent déjà des conséquences dramatiques du changement climatique.

Par exemple, dans mon pays, le Sénégal, où l’économie est largement tributaire de l’environnement, le changement climatique finit par exacerber la pauvreté et renforce les inégalités en favorisant les conflits patrimoniaux, l’exode rural et l’immigration clandestine.

Dans quelle mesure le changement climatique menace-t-il l’économie sénégalaise? 

Tout d’abord, l’érosion côtière menace plusieurs grandes villes du pays : Dakar, Mbour et Saint-Louis. Plus globalement, les phénomènes météorologiques extrêmes sont plus fréquents, ce qui signifie qu’il y a également plus d’inondations économiquement destructrices dans ces villes.

En dehors des villes, il y a aussi des problèmes tels que la salinisation de l’eau, les dommages provoqués au niveau des sols et le bouleversement des cycles pluviométriques. Nous constatons également la perte de biodiversité marine, qui menace le secteur de la pêche et ses nombreux travailleurs. 

De même, il existe un problème d’insécurité hydrique qui est déjà assez grave. Par exemple, de nombreuses communautés dans le nord du Sénégal rencontrent d’immenses difficultés concernant l’accès à l’eau, pour leur bétail et pour elles-mêmes.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous impliquer dans le mouvement pour la justice environnementale?

J’ai décidé de m’impliquer parce que je crois que le changement climatique met en danger le développement économique et humain de l’Afrique. Et également parce je crains que si les pays africains ne participent pas à l’élaboration des politiques mondiales de lutte contre le changement climatique, ils risquent de devenir les « outsiders », ceux qui ne contrôlent pas vraiment leur propre économie, ni même l’accès de leurs propres populations à la nourriture.

Mais il y a une bonne nouvelle: cela n’est pas une fatalité. Nous pouvons opérer des changements afin de créer des sociétés plus justes et plus durables. Cela signifie que la lutte pour la justice climatique en Afrique n’est pas seulement importante pour ceux qui se soucient de l’environnement, elle est cruciale pour ceux qui veulent que l’Afrique soit un continent prospère, libre et autosuffisant. 

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans l’organisation de la lutte pour la justice climatique?

Le défi le plus important est de rallier un grand nombre de personnes, nous tentons donc d’utiliser les problèmes quotidiens auxquels les gens sont confrontés pour les impliquer. 

Nous essayons aussi d’être innovants dans nos méthodes de ralliement, en insistant sur l’aspect festif et amical de la campagne. Nous concevons cela comme une sorte de militantisme joyeux. Ainsi, nos événements sont très centrés sur la culture, pour attirer un large public et ne pas limiter le processus de ralliement aux militants et à ceux qui sont déjà d’accord avec nous.

Cela nous permet d’élargir et de diversifier le cercle des participants, et c’est l’approche que nous avons utilisée pour démarrer le Camp Climat. 

Qu’est-ce que le Camp Climat?

Le Camp Climat est un camp de formation qui aborde les problématiques liées aux changements climatiques. Lors de notre dernière édition, qui a eu lieu dans l’Aire marine protégée de Bamboung, dans le delta du Saloum, plus de 300 personnes ont passé 10 jours à débattre du climat et de la justice sociale tout en acquérant des capacités qui les aideront pour organiser d’autres camps de formation à l’avenir. 

Cela a aussi été l’occasion de parler des réponses locales au changement climatique, ce que beaucoup de Sénégalais ne connaissent malheureusement pas. Enfin et surtout, le Camp Climat promeut des activités communautaires essentielles à l’adaptation au futur changement climatique, dont le reboisement.

Le Camp Climat a été soutenu par les Open Society Foundations. 

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